mercredi 2 novembre 2011

"L’Espagne entre deux siècles. De Zuloaga à Picasso (1890-1920)"

Le Musée de l’Orangerie propose, jusqu’au 9 janvier 2012, une exposition de taille moyenne et didactique, pour qui souhaite découvrir la peinture espagnole au tournant du XIXe siècle. Exposition intéressante car nous sommes généralement peu connaisseurs de ces artistes, aux noms à rallonges, tels Ignazio Zuloaga y Zabaleta, Joaquin Sorolla y Bastida, Joaquim Mir, Juan de Echevarria… pourtant maîtres incontournables !

Joaquin Sorolla y Bastida (1863-1923)
Retour de pêche, 1894
Musée d'Orsay


Le point de départ de l’exposition est un rappel historique sur la situation de crise que connait la péninsule ibérique tout au long du XIXe siècle. En effet, si les pays de l’actuelle Europe connaissent leur plein essor, les espagnols sont figés dans une crise profonde. En 1898, le pays perd la guerre contre les Etats-Unis et par conséquent ses dernières colonies, Puerto Rico, les Philippines et notamment Cuba, source d’importants revenus.


Le parcours dans les premières salles se divise de façon manichéenne entre deux grandes tendances esthétiques : « l’Espagne blanche » et « l’Espagne noire », telle la société en cette fin de siècle.
Joaquin Sorolla y Bastida (1863-1923)
L'Instantanné, Biarritz, 1906
Madrid, Musée Sorolla
D’un côté, les « peintres de la lumière claire » ou « peintres du bonheur » représentent les doux moments de la bourgeoisie en plein air (voir J. Sorolla,  L’Instantané. Biarritz, 1906, Madrid, Museo Sorolla), des paysages méditerranéens aux couleurs chaudes (voir J. Mir, Reflets, Marjorque), des jardins magnifiés aux couleurs évanescentes (voir J. Mir, L’Hermitage de Saint Blai) …



Ignacio Zuloaga y Zabaleta (1870-1945)
La Naine Dona Mercedes, 1887
Paris, Musée d'Orsay

De l’autre, les « peintres à la palette sombre » ou « peintres tragico-réalistes ». La composition des toiles et certains sujets sont inspirés des tableaux de Manet, Degas, Toulouse-Lautrec, que certains peintres espagnols ont fréquentés lors de leur séjour à Paris. Ainsi, dans les tons de gris, sont portraiturés des alcooliques, une famille de marginaux, une serveuse dans un bar… Egalement attachés à la peinture traditionnelle du Siècle d’Or espagnol, ils reprennent certains thèmes du Greco, de Velásquez (voir I. Zuloaga, La Naine Doña Mercedes, 1887, Paris, Musée d’Orsay), ou de Goya …

Les salles suivantes présentent une série de toiles, à mon avis plus décevantes, peut-être parce que je les trouve pâlement inspirées de celles de nos peintres français. Ainsi, le Paysage de Fornalitx par Joaquim Sunyer, daté 1916, est dans le goût de Cézanne, de par le thème, la gamme de couleurs, du vert au marron et la facture « pré-cubiste ». De même, La Métisse nue par Juan de Echevarria, conservée à Madrid, au Musée Nationale de la Reine Sophie, est dans le goût des toiles exécutées par Gauguin à Tahiti.

Suivent quelques toiles plus « avant-gardistes », d’artistes mondialement connus … Miro, Dali, et Picasso dont la terrible et expressive Buveuse d’absinthe, clôture l’exposition.


Clara Dudézert

Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, 75001 Paris
Ouvert tous les jours de 9h à 18h. Fermeture le mardi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire