vendredi 1 juin 2012

Réouverture du Musée d’art et d’histoire de Meudon !

Meudon - Musée d'art et d'histoire vu depuis le parc -
@ Clara Dudézert

C’est l’histoire de la plus vieille maison de Meudon.
Achetée en 1541 par Ambroise Paré, Chirurgien du Roi, elle passe de mains en mains, notamment par  celles d’Armande Béjart, alors veuve de Jean-Baptiste Pocquelin, dit Molière. En 1924, classée au titre des monuments historiques, c’est finalement la ville de Meudon qui l’acquiert en 1941 pour y présenter ses collections d’histoire locale. Après une troisième campagne de travaux (on appréciera la peinture couleur framboise des murs) la maison devenue musée est un ravissement.

Les collections sont variées.
Peintures et sculptures de la seconde moitié du XXe siècle (Manessier, Magnelli, Le Moal, Stahly, Boggs, Jean Arp…) côtoient quelques salles plus loin, la peinture française de paysage de la fin du XVIIIe siècle au milieu des années 1950. Cette nouvelle section a pour noyau la donation de la famille Bosviel en 2006 à la ville de Meudon, augmentée des dépôts de musées nationaux. Parmi ces artistes, vous croiserez notamment Paul Huet, Narcisse Diaz de la Peña, Théodore Rousseau, Harpignies, Boudin, Sérusier et Charles Lapicque aux sympathiques couleurs acidulées ….
Les salles présentant les peintures des Vues de Meudon sont passionnantes, surtout pour les Meudonnais. Peut-être serez-vous nostalgique en voyant combien, en un siècle, notre jolie ville s’est urbanisée ?

Havre de paix, le jardin est aussi un délice pour les yeux… arbres centenaires, rosiers multicolores et parfumés, petite vigne, et quelques sculptures monumentales pour en faire également un musée à ciel ouvert !

Clara Dudézert

Ouvert de 14h à 18h du mercredi au dimanche.
Musée d’art et d’histoire
11, rue des Pierres, Meudon.
Entrée gratuite jusqu’au 15 septembre. Ensuite : 2,50 €.

lundi 2 avril 2012

Esquisses et études de François Desportes à Sèvres …

François Desportes, Autoportrait en chasseur,
huile sur toile, 197 x 163 cm
Paris, Musée du Louvre
(C) RMN-GP (Musée du Louvre) / S. Maréchalle

Sèvres au rythme de la Semaine du Dessin.

A cette occasion, la Cité de la Céramique de Sèvres sort de son Cabinet d’arts graphiques une jolie sélection d’une vingtaine de feuilles de François Desportes (1661-1743).

L’exposition met en avant la manière que François Desportes avait de concevoir un tableau. En effet, avant de réaliser une toile, il exécutait de nombreuses esquisses et études préparatoires souvent rehaussées de gouache. Ainsi, de part et d’autre du tableau représentant un Chien gardant le gibier dans un paysage, sont présentés plusieurs dessins, chacun évoquant un détail du tableau : le chien se retournant, le trophée de perdrix, la coupe de fruits, le vase en porphyre, les roses, le papillon, le chat et le perroquet ara …   


François Desportes, Aras et perruches,
v. 1692-1700
huile sur toile, 142 x 102 cm
Sèvres, Cité de la céramique
(C) RMN-GP (Sèvres, Cité de la céramique) / M. Beck-Coppola

Mais pour quelle raison le plus grand musée de la céramique possède-t-il le fonds d’atelier du célèbre peintre animalier ?

En 1784, Louis XVI en avait souhaité l’acquisition pour que les artisans utilisent ces feuilles comme source d’inspiration et créent de nouveaux décors. Finalement assez peu utilisées, elles nous sont parvenues en très bonne état de conservation. 
On peut regretter qu’à cette exposition, le rapport entre les études de Desportes et quelques porcelaines de Sèvres ne soit pas toujours évident. Un seul dessin de l’artiste est mis en vis-à-vis d’une tasse et de sa soucoupe en porcelaine de Sèvres.







 A noter, un vaste programme de numérisation du fonds François Desportes est en cours à la Cité de la Céramique. Ne disposant donc pas des reproductions des dessins de l’exposition, les illustrations de l’article ont été choisies de façon à s’en approcher le plus.

Clara Dudézert


Exposition jusqu’au 31 mai 2012.
Sèvres, Cité de la Céramique.
Ouvert tous les jours de 10 h à 17 h, sauf le mardi et le 1er mai !

dimanche 1 avril 2012

Le Salon du Dessin 2012 ...

 

Cette année encore, le Salon du Dessin qui se tient au Palais Brongniart à Paris, est sans aucun doute très réussi ! 
De nombreuses feuilles, et de toutes époques confondues, nous font vibrer… 
En voici un florilège !





Mon coup de foudre va à L’Allégorie de la Musique par Laurent de La Hyre, à la Galerie Eric Coatalem. Deux autres superbes dessins du même artiste méritent que l’on s’y attarde.

Incontournable est la suite de huit dessins, à l’encre brune ou à la sanguine, de Guercino exposée chez Day & Faber.

A la galerie Jean-Luc Baroni, une remarquable feuille de Lelio Orsi représentant Egine et Jupiter, thème d’ailleurs fort rare, séduit par le mélange maniériste d’érotisme et de puissance michelangelesque.

Admirable est la feuille du Satyre couronné de feuilles de vigne par Giulio Romano chez Colnaghi !

Presque négligemment posé sur une cimaise, le dessin des Deux Têtes de Femmes de Giuseppe Bernardino Bison exécuté à la plume, encre brune et lavis brun, est tout simplement joli ! A voir chez Stephan Ongpin Fine Art.  

Agnew’s présente une très jolie Etude de femme assoupie à la sanguine par Louis-Roland Trinquesse.

Probablement le plus petit dessin du Salon, une gouache d’Harpignies chez Talabardon & Gautier représente un Paysage. Dimensions : 3,7 x 9,2 cm. Approchez-vous, c’est charmant !  

Et aussi de nombreux dessins du XIXe et XXe siècle !


Pour néophytes ou initiés, collectionneurs ou étudiants, les pièces présentées sont souvent de qualité muséale. Approchez-vous, flânez, profitez et ... achetez !!! 


Clara Dudézert 

mercredi 8 février 2012

A la redécouverte du design des années 1960-70 à la galerie Charpentier - Sotheby's

Cette année, les maisons de vente aux enchères ont lancé une nouvelle mode : les expositions thématiques.
Le critique d'art Michel Tapié est à l'honneur dans les locaux de Christie's, tandis que Tajan présente une exposition d'oeuvres de deux artistes travaillant à Budapest, Strange Light...

Escalier hélicoïdal, Roger Tallon, 1965

L'exposition qui nous intéresse ici est celle proposée par Sotheby's, rue du Faubourg Saint-Honoré : Hommage à la Galerie Lacloche, de Marc du Plantier à Roger Tallon, design des années 60-70.
Mise en oeuvre et en scène par le département des arts décoratifs du 20ème siècle, cette exposition présente une vingtaine de pièces phares, présentées par la galerie Lacloche à partir de 1959, date de son inauguration, place Vendôme à Paris. Tout d'abord attiré par la peinture abstraite, Jacques Lacloche fait la rencontre du critique d'art Michel Ragon, qui l'oriente vers le rapport entre les arts et les objets utilitaires. C'est à cette époque que Jacques Lacloche découvre des artistes comme Roger Tallon ou Raymond Guidot, et notamment à travers cette première exposition clé dans l'histoire de la galerie : Studio meublé place Vendôme. L'objet est alors mis au rang d'objet d'art, par des artistes à l'imagination débordante.


Bergère Eléphant, Bernard Rancillac, 1966

La réputation de la galerie Lacloche est lancée, les expositions se succèdent (Objet 2 : pour un mobilier contemporain, en référence à la première exposition sur l'Objet des Arts décoratifs en 1962), et la galerie commence à éditer ces oeuvres, ce qui sera le début des éditions d'objets et multiples.
Ce sont ces oeuvres qu'a choisi de mettre à l'honneur Florent Jeanniard, spécialiste au sein du département des arts décoratifs du 20ème siècle de Sotheby's : la bergère Eléphant de Bernard Rancillac (1966), la table basse bar par Philolaos (1966), la table articulée par Philippe Hiquily (toujours 1966), ou encore le très célèbre escalier  hélicoïdal  Module400 de Roger Tallon (1965).

Vous pouvez venir découvrir toutes ces oeuvres à la fois ludiques et esthétiques encore jusqu'au 17 février chez Sotheby's, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8ème.

Charlotte Romer

mardi 7 février 2012

Trompe-l’œil & cie …

Plaque murale imitant une cage
à oiseaux
, faïence, Delft, v. 1780
Après l’exposition sur l’œuvre de Boilly, si vous souhaitez voir d’autres trompe-l’œil, pas en peinture mais en arts décoratifs cette fois, la Galerie d’études du Musée des Arts décoratifs à Paris propose une courte exposition sur cette thématique.

Vous y verrez la célèbre plaque murale en faïence de Delft (v.1780) imitant une cage à oiseaux,  une série de vases de Pol Chambost des années 1950 en céramique imitant des tiges de bambous, des coupes en verre vénitiennes (v.1880) imitant l’onyx et l’agate, une théière en porcelaine au décor simulant des estampes collées à la cire rouge sur un fond en bois, et enfin, les célèbres Linoleum et Formica apparu au XIXe siècle pour imiter à moindre frais des matériaux plus coûteux tels le parquet à latte, le marbre ou les tapis persans …   

Clara Dudézert

Musée des Arts Décoratifs – Galerie d’étude 
« Trompe l’œil, imitation, pastiches et autres illusions » 
du 2 février 2012 au 15 novembre 2013

lundi 6 février 2012

Louis Léopold BOILLY – une rétrospective incontournable !

L. L. Boilly, Jean qui rit,
Boston, Museum of Fine Arts
Le Palais des Beaux-arts de Lille commémore le 250e anniversaire de la naissance du peintre et dessinateur Louis Léopold Boilly (né le 5 juillet 1761 à La Bassée, village situé à une vingtaine de kilomètres de Lille – mort en 1845 à l’âge respectable de 83 ans) par une magnifique exposition rétrospective.

Environ 200 œuvres (peintures, dessins et gravures) sont présentées dans un ordre chronologique et également par thématique.

En préambule, l’exposition propose une série de « petits portraits », exécutés avec rapidité et captant avec brio les traits et la psychologie du modèle. Exécutés en grand nombre, les spécialistes en dénombreraient plus de 5.000, ces tableaux de petits formats, accrochés de manière rapprochés, ont établi la réputation de l’artiste.

L. L. Boilly, Portrait d'Edouard Boilly
Paris, Musée du Louvre,
Département des Arts Graphiques, RF 30666
(@site Joconde)

C’est ensuite la figure du peintre, son environnement familiale et son cercle d’amis qui sont abordés. L’autoportrait de l’artiste en Jean qui rit, exécuté au crayon noir et rehauts de blanc, conservé au Museum of Fine Arts de Boston est exceptionnel. En le regardant, le spectateur aura probablement envie de « répondre au dessin » par un sourire. Sur un papier brun de beau format, les Portraits des huit membres de la famille Chenard sont de grandes qualités et le traitement de chacun est des plus intéressants à détailler. Dans une vitrine, le Portrait d’Edouard Boilly, miniature en grisaille sur porcelaine, dégage une immense douceur enfantine.

L. L. Boilly, L’Indiscret,
Musée Cognacq-Jay

Entre 1785 et 1791, les scènes de genre de Boilly rencontrent un immense succès. Pour la plupart en intérieur, elles représentent souvent une scène galante parfois grivoise où les sculptures à l’arrière-plan jouent un rôle important et où l’influence de l’Age d’or hollandais est évidente. On mentionnera en autre L’Indiscret, conservé au Musée Cognacq-Jay. 


 


L. L. Boilly,
L'Atelier d'une jeune artiste
Moscou, Musée Pouchkine

Après la salle sur la «Tourmente révolutionnaire», celle sur les «débuts de la célébrité» de Boilly entre 1795 et 1804 propose notamment le thème récurrent de l’atelier d’artiste. Deux tableaux se distinguent notamment pour leur grande minutie mélangée à une douceur exceptionnelle : L’atelier d’une jeune artiste conservé au Musée Pouchkine de Moscou et La Peintre dans son atelier du musée de Schwerin, où dans un contexte familiale une jeune femme peintre, assise, portraiture un jeune garçon qui semble distrait.

De nombreuses toiles représentent le sculpteur Jean-Antoine Houdon dans son atelier modelant le buste de divers modèles. Boilly, peintre illusionniste, aime figurer en deux dimensions la ronde-bosse.
Quant à la célèbre toile sur une Réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey conservée au Musée du Louvre, elle est entourée des dessins préparatoires et esquisses de chacun des personnages ! 
L. L. Boilly, L’entrée au jardin Turc,
Los Angeles,
J. Paul Getty Museum,
Image courtesy of Christie´s Images Ltd 2010.

Les peintures exposées dans la salle intitulée « L’Empire et la Gloire, 1804-1814 » sont celles que l’artiste exposa aux Salons de 1804, 1808 et 1812, où il remporta un franc succès. L’artiste commence à décrire des scènes quotidiennes de la rue avec une maitrise de la foule et une technique porcelainée. On aimera les Scènes de boulevard et L’entrée au jardin Turc inspirées des scènes foraines de Teniers et de la modernité naissante en ce début du XIXe siècle.    

Dans le tableau L’arrivée d’une diligence dans la Cour des Messageries, conservé au Musée du Louvre, on remarquera un détail cocasse, celui de la nourrice mouchant une petite fille avec la robe de la jeune femme embrassant son mari. 

Durant les années de la Restauration, la fascination de Boilly pour la foule évolue. Désormais, c’est l’expression des passions et des caractères, reflets de la nature humaine, qui l’intéresse. Dans L’Entrée du théâtre de l’Ambigu-Comique à une représentation gratis, les visages expriment l’effroi de la bousculade et de la compression, chacun tenant absolument à pénétrer dans le théâtre. Ce thème des bousculades et bagarres populaires est repris dans Les Femmes se battent, conservé au Musée de Boulogne-sur-Mer.

L. L. Boilly
Christ en ivoire crucifié à une croix en bois

coll. particulière
@art value.com
 La dernière partie de l’exposition porte sur « l’art de l’illusion, du trompe-l’œil et de la caricature » techniques parfaitement maîtrisées par Boilly. Epoustouflant est le trompe-l’œil du Christ en ivoire crucifié à une croix en bois. Le petit papier blanc sur lequel l’artiste appose sa signature et son adresse qui semble partiellement collé est inspiré des Maîtres vénitiens du XVIe siècle. 
 Le Trompe-l’œil dit de la collection de dessins avec Boilly et Elleviou semble réellement avoir une vitre cassée. Le spectateur a envie de tendre la main pour s’en assurer … d’ailleurs, l’autoportrait de l’artiste en bas à gauche qui le regarde d’un air moqueur, heureux de sa plaisanterie qui fonctionne est visiblement un pied de nez de Boilly !

L’artiste imite aussi bien les bas-reliefs en terre cuite comme la Bacchanale d’enfants avec une chèvre, copie d’une œuvre de François Duquesnoy, que le bois et la paille comme l’arrière-plan du bas-relief du Triomphe d’Amphitrite, ou que l’estampe. En effet, Boilly a peint de nombreux tableaux en grisaille « à l’imitation de l’estampe ». Il simule également les inscriptions en bas de celle-ci tel « Boilly pinx. », ou un titre « ah ! ça ira ».  

Voici donc une belle exposition dont le catalogue est riche en information et illustration des œuvres !

Clara Dudézert


Palais des Beaux-Arts 
Place de la République 
59000 Lille
Tel. 00 33(0)3 20 06 78 00
Fermé le mardi. Ouvert le lundi de 14h00 à 18h00, le mercredi, le jeudi, le vendredi, le samedi et le dimanche de 10H00 à 18H00.