mercredi 3 août 2011

Les créations de Madame Grès au musée Bourdelle

Madame Grès par Crespi,
Femina, avril 1949
"Je voulais être sculpteur. Pour moi, c'est la même chose de travailler le tissu ou la pierre", explique Germaine Krebs, alias Madame Grès (1903-1993).

Ce sont ses créations pour La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux en 1935 qui la lancent. D'abord connue sous le nom de Alix, la couturière ouvre en 1942 sa propre maison de couture au 1 rue de la Paix sous le nom de Grès, anagramme tronquée du prénom de son mari : Serge.

En 1988 se referme près d'un demi siècle de créations intemporelles et sculpturales, dont on retiendra tout particulièrement le "pli Grès", caractéristique de ce style à l'antique, à la fois austère, élégant et néoclassique.


Studio Dorvine, 1934
Alix, modèle n° 102, hiver 1934



Fermé jusqu'au printemps 2012, le musée Galliéra a choisi le musée Bourdelle pour sa première exposition hors les murs, consacrée à la toute première rétrospective parisienne des créations de Madame Grès.

Très épurée, la présentation permet au visiteur de se promener dans les salles du musée en découvrant, au fur et à mesure, les différentes périodes de création de la couturière, associées aux différentes ambiances du musée : de la salle des plâtres à l'aile contemporaine Porzamparc, en passant par l'appartement et l'atelier du sculpteur.





Automne-Hiver 1952-53
Robe du soir.
Jerseys de viscose

Défilent alors sous nos yeux fascinés parmi les pièces les plus emblématiques provenant du fonds Galliéra et de quelques mains privées : des robes "sculptées", hors du temps, aux drapés infinis, à l'élégance romantique. De nombreuses photographies de mode nous projettent tout d'abord dans les années 1930, et quelques dessins des costumes créés pour la pièce de Giraudoux par Jean Cocteau et Christian Bérard achèvent le tableau. Mais ce sont dans les salles suivantes que l'on peut admirer l'immense talent de Madame Grès, à travers des coupes et plissés audacieux, presque coquins, comme cette robe plissée à longueur asymétrique de couleur orange vif.

Puis les robes s'enchainent, toutes plus incroyables les unes que les autres, toujours plus plissées, toujours plus complexes, et à la fois si épurées... Parallèlement sont exposés des dessins, croquis et études de la main de Madame Grès, don de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent au profit du musée Galliéra, à l'occasion de cette rétrospective. Ces travaux préliminaires aident à appréhender le travail de cette créatrice, qui reçut en 1976 un Dé d'or pour ses robes du soir en drapé.





Printemps-été 1946
Robe de jour
Jersey de laine vert
Doublure en mousseline
de soie écrue


Le parcours se termine dans la salle contemporaine du musée, au milieu des bas-reliefs d'Antoine Bourdelle. De petites robes, au plissé élégant ou plus simples, mais tout aussi structurées, terminent le parcours, illustré par des photographies de Richard Avedon, Henry Clarke ou encore Guy Bourdin.



Il ne vous reste que quelques semaines pour venir découvrir cette extraordinaire exposition au musée Bourdelle.



Charlotte Romer

1 commentaire:

  1. J'adore le musée Bourdelle et suis sans doute très partiale.
    Mais le choix de ce musée pour abriter les créations de Madame Grès me parait très heureux.
    Une scnéographie impeccable fait se rencontrer, voir se fondre, le sculptural et le sculpté.
    CMR

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