Charlotte Perriand, 1974 |
Quelques rappels historiques : en 1941 et 1953, Charlotte Perriand est appelée par le Japon en tant que "conseillère de l'art industriel du bureau du Commerce". Pendant ses deux séjours, elle enseigne et présente aux Japonnais l'art occidental, tout en s'inspirant de leurs propres traditions et de leur art de vivre.
De cette expérience naitront des pièces de mobilier très sobres, dans des matérieux locaux (bambou, bois blanc...).
Maison de Thé, Unesco, 1993 |
Mais c'est en 1993 que la designer est invitée, aux côtés de Tadao Ando, Yaé Lung Choï et Ettore Sottsass par le célèbre réalisateur japonais Hiroshi Teshigahara, pour présenter sa vision de la Maison de Thé sur la plazza de l'Unesco à Paris.
Son interprétation se traduira par un savant mélange entre tradition et modernité, présentant un espace dédié à la méditation, au silence et au recueillement. De simples tatamis sont disposés au sol, surélevé au-dessus de gros galets gris, entourés de portes coulissantes, le tout surplombé d'une immense corolle vert clair circulaire tendue par des bambous.
« J'ai tenté d'exprimer un « espace thé » éphémère, pour méditer et rêver à un nouvel Age d'Or », écrit Charlotte Perriand, dans sa biographie, Une vie de création.
Mais la reconstitution de cette "Maison de Thé" n'était qu'un prétexte pour "fêter l'arrivée de Cassina au Bon Marché Rive Gauche". En effet, la maison d'édition de mobilier italienne réédite depuis quelques dizaines d'années les oeuvres du groupe Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand.
Exposition Charlotte Perriand - La Maison de Thé Bon Marché, 2011 |
L'espace dédié à l'exposition de la "Maison de Thé" de Charlotte Perriand est ainsi composé : le visiteur, s'attendant à entrer dans un univers japonisant, se retrouve face aux dernières éditions de la maison Cassina, non sans intérêt, bien sûr, mais surtout à vendre... La fameuse chaise longue de 1929, qui a permis à Charlotte Perriand de susciter l'intérêt de Le Corbusier, la table extensible de 1927, étrangement rebaptisée Ospite, proposée autour de 7 000 € (l'édition de luxe de 1929 de cette table a été vendue le 29 mars 2011 lors de la dispersion de la collection du château de Gourdon, pour la somme de 330 000 € hors frais...).
D'autres rééditions des années 1920/1930 sont encore présentées, devant un immense mur de bambous. Après avoir fait le tour, on peut effectivement glisser la tête dans l'ouverture laissée par ce mur végétal, pour apercevoir la reconstruction "à partir des plans originaux" de la fameuse Maison de Thé...
On ne peut malheureusement pas y entrer, mais on peut en revanche commander un repas japonais autour de 45 € autour de la petite installation.
Les films et les photographies accrochées sur les murs montrent, pêle-mêle, des moments de la vie de Charlotte Perriand, les plans et la conception de la Maison de Thé, sans réelle cohésion.
Exposition plutôt décevante, qui sert un propos commercial.
Mais n'est-ce pas le but de tout grand magasin?
CR
La Maison de thé de Charlotte Perriand du 9 avril au 11 juin 2011, sous la verrière du 2ème étage du Bon Marché Rive Gauche
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