mardi 24 mai 2011

Chicago. Sur les pas de l’architecte Franck Lloyd Wright …

Fallingwater, Mill Run
J’ai écarquillé les yeux le jour où, en première année d’Histoire de l’art, le Professeur d’architecture moderne a passé la diapositive de la maison d’Edgar Kaufmann dite « Fallingwater » (Maison sur la Cascade) construite en 1939 par Frank Lloyd Wright (1867 – 1959) en Pennsylvanie à Mill Run. Mill Run ?!! Quelle fut ma déception en apprenant la localisation de ce bâtiment étonnant… loin de toutes grandes villes américaines, j’avais peu de chance de la voir un jour… et Wright qui ajoute « Fallingwater is a great blessing – one of the great blessings to be experienced here on earth. I think nothing yet ever equaled the coordination, sympathetic expression of the great principle of repose where forest and stream and rock and all the elements of structure are combined so quietly that you listen (…) the music of the stream. »

Aujourd’hui, me voilà consolée. A Chicago et dans les proches alentours il y a quelques réalisations remarquables, hétéroclites, permettant une approche intéressante des divers styles et tâtonnements de l’architecte américain.
Si la vie vous emmène à Chicago, je vous recommande vivement de partir à la découverte de ses maisons.

Maison natale d'Hemingway 
Oak Park
Property of : Clara Dudézert
Etape numéro 1 : OAK PARK
(Métro : Green line – station Oak Park – à 30 minutes du Loop.
Remonter Oak Park Avenue, on passe devant la maison natale d’Ernest Hemingway, né en 1899, et le musée qui lui est dédié. 

Tourner à gauche sur Chicago Avenue, puis tout droit jusqu’à la maison et cabinet d’étude de F. Lloyd Wright)

F. Lloyd Wright Home and Studio
En 1889, âgé de 22 ans, Wright vient vivre avec femme et enfants à Oak Park, dans la banlieue de Chicago car il haïssait les grandes villes ; d’ailleurs il ne concevra que peu de bâtiments pour les grosses agglomérations. Sur un terrain étroit et boisé, il construit sa maison flanquée de son cabinet d’étude puisqu’il venait de se faire licencier du célèbre cabinet d’architectes Adler et Sullivan où il travailla pendant presque sept ans. L’intérêt de cette visite est de voir dans cette œuvre de jeunesse le parti pris architectural de l’artiste. On y note déjà un style propre, des constantes que l’on retrouvera par la suite dans ses « prairie houses » mais aussi des tâtonnements et évolutions.
La maison de F. L. Wright - (à gauche on distingue le studio adjacent) 
Vue de la façade sur Forest Avenue
Oak Park - Chicago - Illinois
Property of : Clara Dudézert

Le Cabinet d'architecte de F. L. Wright 
Vue de la façade sur Chicago Avenue  
Property of : Clara Dudézert


En effet, Wright souhaitait différencier sa maison de celles du quartier construites dans le style victorien avec des couleurs vives. A contrario, il souhaitait fondre sa maison dans la nature. Cela se traduit par l’utilisation de matériaux naturels tels le bois notamment le chêne, la terre, la brique, et à l’intérieur, des murs peints dans les tons sable et vert, par des lignes horizontales afin d’intégrer la structure au paysage, par une attention particulière au climat afin d’adapter l’architecture. Parmi les évolutions postérieures, la façade haute et pointue donnant sur Forest Avenue est encore loin de l’architecture plate de ses « prairie houses ».

Des conférenciers bénévoles proposent de vous faire visiter la maison et le cabinet d’architecture de Wright ; acceptez, car sans eux, vous ne pourrez pénétrer à l’intérieur !
Vue du Cabinet d'architecte depuis Chicago Avenue
Entrée du Cabinet d'architecte
Au rez-de-chaussée, les pièces communiquent toutes entre elles afin de donner une impression d’espace … comme si l’on habitait dans l’une des riches maisons victoriennes d’à côté ! Les vitres ressemblent à des vitraux avec des décors de baguettes de plomb géométriques, parfois légèrement teintées de jaune, symbole de la lumière. Wright privilégie les ouvertures sur la nature, la lumière venant de fenêtres hautes ou du plafond ; ainsi le salon, la salle à manger, les chambres et son cabinet d’étude.  Le mobilier, in situ et non dans un musée (!) est également signé de l’architecte. On y voit ses fameuses longues tables en bois naturel entourées de chaises à dossier droit avec de longues barres jusqu’au sol ou ses fauteuils à dossier courbe.

Les maisons particulières de Forest Avenue
Wright est également l’architecte d’une quinzaine de maisons particulières situées de part et d’autre de Forest Avenue. Construites principalement entre 1895 et 1910, elles ressemblent d’avantage au style des « prairies houses » même si le style n’est pas aussi abouti que dans la Robbie House. A voir notamment, William H. Copeland House Remodeling (au n° 400) Nathan G. Moore House (au n°333), Arthur Heurtley House (au n°318) en face de la Hills-DeCaro House (n° 313) datée de 1906 et reconstruite en 1977, Franck Thomas House (n° 210)…
Nathan G. Moore House



Hills-DeCaro House

Arthur Heurtley House

Franck Thomas House 

Plus de photos ici 

Unity Church
Unity Church - Vue d'ensemble depuis Lake street
(au bout de Forest Avenue, tourner à gauche sur Lake Street jusqu’à « l’Eglise de l’Unité »)
Détail des fenêtres bandeau
Vue de la salle de prière
En 1907, Wright créa une église surprenante, révélatrice de son esprit non conformiste, en forme de cube en béton. Les imposantes façades n’ont pour unique décor que des colonnes à motifs géométriques tout en haut des murs, supportant le toit débordant. La porte est bien cachée à l’intérieur de la structure afin d’éviter le bruit des deux rues passantes. L’intérieur se visite et l’on est très gentiment accueilli. On y retrouve les vitraux, les lampes japonisantes, la puissante simplicité des boiseries géométriques, une pureté des lignes et une atmosphère sereine… Un chef-d’œuvre réalisé avec le tout petit budget de la congrégation de 45.000$.
Salle des célébration :
bancs du 2ème étage, lampes japonisantes, fenêtres hautes
..

En accord avec le nom donné à l’église (« Eglise de l’Unité »), la « Congrégation Universaliste », commanditaire de l’œuvre, accepte toutes les personnes croyant en Dieu, indépendamment de leur religion.



Etape numéro 2 : CHICAGO SOUTH SIDE
(“Metra” train station – 55th-56th-57th street station -)

The Robbie House 
La Robbie House, du nom de son commanditaire Frederick Robbie, réalisée entre 1908 et 1910, est mondialement célèbre car c’est la quintessence de la « prairie house », la plus aboutie de toute l’œuvre réalisée par l’architecte. 

The Robbie House - Façade principale


Vue de côté
L'entrée de la maison est sur la gauche
Fenêtres du premier étage
 Maison basse, toits en pente douce débordants, matériaux naturels concourent à son intégration dans la nature. Les espaces communs communiquent tous entre eux : au rez-de chaussée, une salle de jeu et une salle de billard ; placé au centre, un escalier permet l’accès au 1er étage où le salon est séparé de la vaste salle à manger par une cheminée centrale. Les chambres se situent au 2ème étage. L’architecte confirme et signe sa conception nouvelle d’un intérieur non cloisonné. Il ouvre toutes les pièces sur l’extérieur par des fenêtres en bandeau, des galeries couvertes et terrasses.
















Etape numéro 3 : DOWNTOWN : « THE LOOP »
(retour dans le quartier des affaires de Chicago : A deux pas de la Willis Tower -527m avec les antennes-, la deuxième tour la plus haute du monde après celle récemment construite à Dubaï !)

The Rookery
The Rookery Vue depuis LaSalle Street
(au n°209 LaSalle Street)
Le bâtiment construit en granit et pierre rouge dans le style « Romanesque revival » date de 1888. Occupé aujourd’hui par des bureaux, on peut entrer dans le hall du bâtiment sans difficulté. Frank Lloyd Wright modifia la cour intérieure en 1907 … et c’est plutôt grandiose !
The Rookery
Escalier central
Escalier menant au second et troisième étage
Un large escalier central en marbre blanc gravé de motifs floraux rehaussés à la feuille d’or mène au premier étage. Des poutres en acier blanc soutiennent le magnifique petit escalier en fer forgé conduisant à l’étage supérieur ainsi que la toiture transparente qui apporte une grande clarté.

Le bâtiment est classé « National Historic Landmark » depuis 1988.


Voilà un petit aperçu de mon parcours sur Frank Lloyd Wright à Chicago …

Je termine cette note en remerciant mille fois Mimi, sans qui ce voyage n’aurait pas eu lieu.


Clara Dudézert

1 commentaire:

  1. je suis un grand amateur / fan de Wright et ça depuis... bien longtemps ! =)

    Et visiter certaines de ses réalisations me semblent vraiment impossible... malheureusement ^^ pour moi ! C'est un rêve en quelques sortes

    bonne continuation :) joli article !

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